Parmi les trésors artistiques laissés par la dynastie Goryeo en Corée, un objet se distingue particulièrement : le “Pégase de Goryeo”. Attribué à l’artiste Jang Seung-up, ce cheval sculpté en bois lacque représente une ode à la liberté et à la majesté. Ses lignes fluides, ses ailes déployées vers le ciel et son regard intense témoignent d’une maîtrise technique exceptionnelle et d’une profonde connexion avec le monde naturel.
Une Histoire Intrigante
L’origine exacte du “Pégase de Goryeo” reste mystérieuse. Il est apparu sur le marché antiquitaire occidental à la fin du 20e siècle, sans provenance claire ni documentation historique. Certains experts suggèrent qu’il ait pu orner un temple bouddhiste, tandis que d’autres avancent l’hypothèse d’un usage plus profane dans un contexte aristocratique.
Quoi qu’il en soit, son apparition soudaine a suscité un vif intérêt parmi les collectionneurs et les historiens de l’art coréen.
L’analyse stylistique du “Pégase de Goryeo” permet de situer sa création dans la seconde moitié du IXe siècle, période durant laquelle Jang Seung-up, un artiste renommé pour ses sculptures animalières, était actif.
Le style distinctif de l’artiste se retrouve dans les détails délicats du “Pégase” : les muscles suggérés sous une couche de peinture rouge vif, la crinière ondulante réalisée en petites plaques d’or finement ciselées et les ailes déployées qui rappellent la légèreté des plumes.
Symbolique et Interprétation
Le choix d’un pégase, créature mythologique ailée symbole de liberté et de puissance divine, ne doit pas être pris à la légère. Il révèle une profonde compréhension des valeurs esthétiques et spirituelles du temps. Dans le contexte bouddhiste de la Goryeo, le “Pégase de Goryeo” pourrait représenter l’aspiration à la libération spirituelle et à l’élévation au-delà des soucis terrestres.
D’autre part, sa présence dans un contexte aristocratique pourrait également refléter le désir de puissance et de distinction sociale. Le cheval ailé serait alors un symbole ostentatoire de richesse et de raffinement.
L’Art de la Lacque en Goryeo
La technique de laque utilisée pour créer le “Pégase de Goryéo” était déjà maîtrisée par les artisans coréens depuis des siècles. La sap résine du vernis du Japon, appliquée en plusieurs couches minces sur le bois, créait une surface brillante et résistante qui protégeait l’œuvre des intempéries et du temps.
La combinaison de laque noire et rouge vif sur le corps du cheval crée un contraste saisissant qui met en valeur les détails anatomiques sculptés avec précision. Les ailes sont recouvertes d’une fine couche d’or, accentuant leur légèreté et ajoutant une touche de majesté à l’ensemble.
Le processus de création d’une sculpture laquée était long et fastidieux. Il nécessitait des années de pratique et une grande maîtrise technique. Chaque étape, du choix du bois à l’application finale de laque, devait être réalisée avec précision et soin. La valeur artistique de ces objets découlait non seulement de leur beauté esthétique mais aussi du savoir-faire extraordinaire des artisans qui les avaient créés.
L’Héritage du “Pégase de Goryeo”
Aujourd’hui exposé dans un musée privé londonien, le “Pégase de Goryeo” fascine toujours par sa beauté et son mystère.
Il représente un témoignage précieux de l’art coréen de la période Goryeo, une époque marquée par une grande créativité et une ouverture sur le monde extérieur. Sa présence en occident rappelle également que l’art transcende les frontières géographiques et culturelles. Il nous invite à réfléchir sur la nature humaine, notre quête de liberté et d’élévation spirituelle, valeurs universelles qui résonnent encore aujourd’hui.
Caractéristiques Techniques du “Pégase de Goryeo” | |
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Matériaux | Bois de paulownia (Kirin), bois de cerisier, laque rouge et noire, or |
Dimensions | 120 cm de haut x 80 cm de large x 50 cm de profondeur |
Technique | Sculpture en ronde-bosse avec applications de laque et d’or |
Style | Goryeo (IXe siècle) |
Le “Pégase de Goryeo” reste un objet fascinant qui interroge sur notre rapport au monde, à l’art et à nos aspirations les plus profondes.